La glacière du mas du Grand Bois vert à Mouriès (Bouches du Rhône)
Tables des matières
Chapitre 1
Avant-propos
Introduction
Portion d’histoire
Définition d’une glacière
Différents types de glacière de notre terroir
Chapitre 2
Utilisation de la glace, raison médicale et confort
Chapitre 3
Les sources naturelles
La récolte de neige et de glace en milieu urbain et rural
Le bassin à geler de la croisière
Les bassins à geler ruraux
Chapitre 4
Implantation des glacières dans les différents milieux
Urbain
Rural
Celles des particuliers et des institutions religieuses
Capacité des glacières de la communauté d’Arles
Chapitre 5
Les glacières du Trébon de la Crau et du Plan du Bourg
Chapitre 6
Les glacières de la Camargue
Chapitre 7
Capacité des glacières rurales
Transport des passagers et marchandises
Les convois de glace par voie d’eau
Les péages
Chapitre 8
La conservation du fret
Les convois de glace par voie terrestre
Les hommes et les femmes de la glace
Identification d’une glacière
Chapitre 9
Le savoir faire Arlésien
Construction
Évolution générale
Chapitre 10
Le privilège de la glace
La ferme des glacières
Le prix de vente de la glace
Chapitre 11
Toponymie
La fin du commerce artisanal de glace naturelle
Conclusion
Unités utilisées au XVII et 18 ème siècle à Arles.
Longueur : 1 canne (2.047 m)
1 pan (0.256 m)
1 pied = 12 pouces vaut 0.325 m
1 pouce vaut 2.79 cm, il se divise en 12 lignes de 2.3 mm
Surface :
1 canne carrée (0.042 are)
1 pan menu (carré d’1 pan de coté)
Surface agraire : (valeur en ares)
1 canne carrée (0.0042)
1 dextre ( 6 cannes carrées un quart)(0.042)
1 grande sétérée (100 dextres mesure d’herbage)
1 petite sétérée (66 dextres mesure de semence)
Poids :
1 livre (0.391 Kg)
1 quintal (41.082 kg)
Capacité : Pour le grain (valeur en litres)
1 éminée (28,882)
1 charge (173,240)
1 canne cube (85,799)
1 pan canne cube (10,725)
Monnaie:
1 livre = 20 sous
1 sou = 12 deniers
Source: Les anciennes mesures locales du Midi Méditerranéen.
A titre de comparaison :
1 livre correspondait au paiement d’une journée de travail d’un ouvrier maçon.
Le prix de la livre de glace de 4 deniers correspond à environ 1 €
Abréviations
F A M A Fond ancien médiathèque d’Arles.
A C A archives communales d’Arles.
A D archives départementales des B d R.
A C M archives communales de Marseille.
A.M.H archives municipales d’Haguenau
Avertissement de l’auteur.
L’ensemble des pages que vous allez lire, ne sont qu’une partie de l’étude réalisée sur le sujet, de nombreuses rubriques ne figurent pas, d’autres sont tronquées.
Chapitre 1
Avant-propos
Se rafraîchir en buvant frais, consommer des glaces et sorbets, quoi de plus facile aujourd’hui. Le progrès a rendu possible ce qui était long et compliqué du 17em au 19 em siècle dans notre région.
Utilisé la glace ou la neige, était depuis l’antiquité, réservé aux gens aisés, voire riches. Déjà des contrées lointaines, comme la Chine, le proche orient, nous précèdent dans son utilisation. Force est de constaté que le commerce et l’artisanat de la glace naturelle ont pratiquement disparu des mémoires.
Les glacières, la glace, la neige, un commerce important à Arles à partir du 17em siècle ? , il est vrai que nous avons des difficultés à nous l’imaginer, l’utilisation à grande échelle de la glace par les Arlésiens à cette époque. Cet ensemble de bâtiments presque tous différents, constituaient dans le terroir d’Arles, un patrimoine architectural, des témoignages de l’époque préindustrielle, de la vie sociale et économique.
Quelques glacières chargées d’histoire sont encore en état dans des propriétés privées, souvent inaccessibles, leurs anciennes fonctions sans doute ignorées.
Introduction
L’envie d’entreprendre l’étude du commerce et de l’artisanat de la glace dans le terroir d’Arles, du 17eme au 19eme siècle, ma semblé utile, pour que nous puissions prendre conscience, que la richesse de notre patrimoine, n’est pas composée que d’éléments prestigieux, tels que les monuments de la période Romaine.
J’ai très vite constaté, que la mémoire individuelle et collective à propos des glacières du pays d’Arles, avait disparue. Il est étonnant qu’une pratique qui a perduré pendant prés de 3 siècles, qui fut reconnue d’utilité publique, n’aie jamais fait l’objet d’une étude.
La liste importante des sites, n’est bien sur pas exhaustive, il s’agit je pense que d’une petite partie. Au fil des années de recherche, elle fut en constante augmentation. Cela sera sans doute suffisant, pour établir une typologie des glacières d’Arles et son terroir.
Un dépouillement systématique des délibérations municipales, ainsi que dans de nombreuses séries, ma permis d’avoir une vue d’ensemble assez précise.
Nos glacières en zone urbaine ont disparues, leurs emplacements eux sont connus. Par contre, celles du monde rural n’ont pas toutes été comblées ou détruites. Heureusement, les archives communales et départementales ont conservées les traces de l’utilisation de la glace, dans la ville, les villages, les mas, les châteaux, les hôpitaux, les communautés religieuses, les hostes.
Elles sont les témoins de pratiques ancestrales, très développées et jusqu’à hier oubliées.
Portion d’histoire
En Provence l’emploi de la glace est ancien, mais peu répandu avant le 17 eme siècle. Comme une mode, après de longues périodes ou on l’emploi peu, le phénomène nous revient par l’Italie. Nos voisins ont environ un siècle d’avance sur nous dans son utilisation.
Certaines contrées, comme la région de d’Aix, Marseille, nous précèdent à leur tour de quelques années. Le massif de la sainte Baume, de part sa situation géographique avec une altitude de 700 a 900 m permettait l’approvisionnement
et le stockage en hiver dans des puits à glace. Rapidement le commerce fut florissant grâce à la faible distance entre les lieux de production et de consommation.
La proximité de l’Italie favorise le transfert de technologie, aussi bien dans l’art de construire des glacières et des puits a glace, que dans le commerce et aussi l’artisanat.
A la fin du règne du roi Louis XIII en 1642, deux marchands marseillais obtiennent l’exclusivité de vendre de la glace dans leur ville pour 10 années. Peu à peu la pratique s’étend, d’abord dans les villes, dans les villages, un embryon de négoce apparaît. Les propriétaires sont des avocats, artisans, bourgeois en petit nombre au début. Au fil des années, quant la ferme des glacières apparaît en 1648, une dame Magdeleine de Gaillard de Venel obtient du roi le privilège de construire des glacières et de faire le commerce de la glace dans le pays de Provence sans les terres adjacentes (Arles en fait partie)mauvaise foi, interprétation erronée ? La dame fait un procès a la communauté d’Arles pour avoir donné l’autorisation d’en construire, alors qu’elle n’a soit disant pas autorité.
Le conflit s’arrête en 1665 avec un accord entre la ville et la dame, par acte du 26 mai 1665, la communauté d’Arles rachète le privilège pour en faire une ferme.
A partir de ce moment, un véritable commerce apparaît, l’aspect des villes, des villages, des mas change dans le pays d’Arles. De grandes toitures coniques recouvertes de roseaux pointent vers le ciel, elles ont souvent plus de six mètres de hauteur. Elles recouvrent d’énormes fosses cylindriques ou tronconiques permettant de stocker la neige ou la glace Ces cavités avaient jusqu’à huit mètres de diamètre, autant de profondeur.
Les propriétaires des grands domaines sont les plus nombreux à posséder une glacière, c’est pour eux un élément de prestige et de confort, qui complétait l’agrément de leur demeure.
La Crau, le Trébon, le Plan du Bourg ainsi que la Camargue voient à leur tour la
floraison des glacières, soit creusées dans le sol, soit en élévation dans les endroits marécageux.
Un rapport de police de 1701 indique les noms de dix huit propriétaires de glacières. Seize sont situés en Camargue, une grande majorité ce trouve à proximité du grand et petit Rhône. Ce document nous donne une image, qui ne peut nous rendre affirmatif sur le nombre exact. Les propriétaires des mas sont des nobles, des bourgeois, qui ont été consuls, le sont ou le seront plus tard. Ils avaient à gérer la ferme des glacières de la communauté d’Arles. La liste n’est donc pas exhaustive.
Il est évident que lorsque le roi Louis XIV accorde le privilège à madame de Gaillard de Venel en 1648, pour services rendus, il lui fait par cet acte, un cadeau royal. Il y avait donc déjà un grand nombre de glacières. C’est d’ailleurs à partir de l’institution du privilège que les renseignements deviennent nombreux, surtout à partir du moment ou la ferme est municipale. Comme dans tout commerce, une comptabilité, des procès, des devis de constructions et de réparations. Les archives de certaines propriétés, doivent renfermer de nombreux documents (testaments, livres de raison).
Des vestiges de glacières difficiles à dater sont encore visibles, certains peuvent être du moyen âge, mais ils sont peu nombreux. Les longs voyages et séjours en terre sainte pour les croisades vont donner l’occasion de ramener un savoir-faire en matière de construction (Turquie).
Du 14 eme au 16 eme siècle, l’utilisation de la glace paraît moins importante. La seconde moitié du 17 eme siècle voit le nombre de glacières exploser.
Le roi Louis XIV grand amateur de glace va faciliter le développement. Dans toutes les maisons royales. Le souverain veut son confort ou qu’il soit, en ville à la campagne. (Pavillon de chasse, châteaux etc.) Il avait neuf glacières au parc de Versailles à partir de 1687.
Pendant presque 250 années les fermes et les régies vont se succéder à Arles, avec quelques interruptions. La dernière année semble être 1896.
Le développement des diverses méthodes chimiques et physiques pour produire de la glace, va peu à peu tuer le commerce artisanal de la glace naturelle. C’est vers la fin du XIX eme siècle que les premières fabriques industrielles apparaissent dans le midi.
Définition d’une glacière
Une glacière, et une construction servant de réservoir pour le stockage de la glace ou de la neige. En aucun cas elle produit de la glace.
Remplie en hiver, elle sera ouverte, de temps en temps pour vérifier le bon état de conservation du produit, et le cas échéant remédier à un problème nuisant au bon fonctionnement. Ouverte au printemps, dès les premières belles journées.
Une bonne glacière, permettait, si elle était utilisée dans de bonnes conditions, de conserver de la glace d’une année sur l’autre, avec un pourcentage de perte correct.
Différents types de glacière de notre terroir
Dans notre terroir, deux types de constructions étaient utilisés.
En terrain sec, elle se présentait comme une excavation tronconique ou cylindrique le plus souvent chemisée de pierres, recouverte d’une toiture qui pouvait être faite de divers matériaux, roseaux, chaume pour les premières, bards de pierre, tuiles pour les suivantes.
En terrain marécageux, comme en Camargue, c’est en élévation, en pierre et de forme cylindrique, butée de terre formant un monticule jusqu’au bas de la toiture coiffée comme celle construite en terrain sec.
Les premières furent couvertes de roseaux, ensuite des voûtes en pierre apparurent, plus tard, certaines couvertes de tuiles.
Généralement, en milieu rural, elles sont à l’ombre sous un couvert d’arbres, souvent derrière les bâtiments côté nord. L’ouverture aussi côté nord.
Une glacière dans un sous bois
Reconstitution d’une glacière de Camargue en élévation, butée de terre et abritée par des arbres. (Dessin P Galibert)
Une glacière en milieu marécageux, en élévation. Celle-ci à Aigues Mortes n’est plus buttée de terre, actuellement une ouverture côté sud a été créée pour accéder à l’intérieur. A l’époque de son activité, une encoule (rampe inclinée) avait été faite côté nord pour permettre le remplissage.
bravo à toi Michel super intéressant je sais ce que sais maintenant une glacière
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