Les vigies du littoral camarguais

Ou les conséquences de la guerre contre les Anglais en Méditerranée à la fin du XVIII eme siècle

La guerre contre les Anglais en Méditerranée a contraint différentes administrations révolutionnaires françaises à prendre conscience de la vulnérabilité de notre littoral. Le faible nombre de postes de surveillance sur nos côtes a rendu impérative la construction de plusieurs vigies, notamment entre Port-Saint-Louis-du-Rhône, qui disposait déjà de la tour Saint-Louis et la rive droite de l’embouchure du petit Rhône.

Pour la cote gardoise qui avait anticipée, depuis le milieu du 18 eme siècle, la mise en place d’un réseau de redoutes fut essentielle pour renforcer la défense côtière. Ce réseau comprenait la redoute de Terreneuve, située à l’entrée du petit Rhône sur la rive droite, la batterie du Grau-du-Roi, la redoute du Grand Travers, la redoute de Ballestras et la redoute des Aresquiers. Ces petits forts furent érigés vers les années 1740 et faisaient partie d’un système de surveillance et de protection du littoral du Golfe du Lion. Au total, une dizaine de ces redoutes furent établies à intervalles réguliers.

Les tours et les vigies placées sur le littoral en tant que postes de vigie étaient un élément crucial de la défense côtière dans de nombreuses régions à travers l’histoire. Elles jouaient un rôle essentiel dans la surveillance et la protection des communautés côtières contre les menaces maritimes, telles que les raids, les invasions et les attaques de pirates.

Elles furent évidement construites en hauteur pour offrir une vue panoramique sur la mer et les environs. A l’intérieur, généralement des surveillants homme ou femme ou des soldats pour certaines surveillaient en permanence l’horizon. Utilisant des signaux visuels comme des drapeaux ou des feux la nuit, pour communiquer rapidement avec d’autres postes de vigie le long de la côte ou avec la communauté locale.

L’arrivée de diverses embarcations, parfois hostiles, était un motif de préoccupation majeur pour les habitants des régions côtières. Les raids par des groupes maritimes, comme les pirates ou les envahisseurs étrangers, pouvaient causer des ravages importants. Les tours de vigie étaient conçues pour donner aux populations locales un avantage en matière de prévention en détectant les menaces potentielles dès leur approche, permettant ainsi aux communautés de se préparer à la défense ou de prendre des mesures d’évasion si nécessaire.

L’histoire des tours de vigie sur le littoral remonte à plusieurs époques, depuis les phares antiques et les tours de guet médiévales jusqu’aux structures de surveillance plus modernes utilisées par les garde-côtes et les forces de défense côtière contemporaines.

Les documents ci-dessous viennent des archives communales d’Arles.

L’orthographe des textes est respectée.

An second le 3 eme prairial 22 mai 1794

Liberté Egalité

République une l’indivisible

Au nom du peuple françois le représentant du peuple envoyé dans les départements des Bouches du Rhône et de Vaucluse.

Vû la pétition des commissaire de vigie des signaux du département des Bouches du Rhône par laquelle il est exposé que depuis la vigie de la tour Monnaidière (tour St Louis) qui est la dernière à l’ouest du département des Bouches du Rhône jusques à celle du gras d’Orgon, qui se trouve la première à l’est du département du gard, il y a une interruption beaucoup trop considérable et qui rend impossible la communication indispensablement nécessaire ; sur quoi ils ont demandé une autorisation pour établir quatre nouvelles vigies de signaux. La première au salin de Faraman situé à deux lieues à l’ouest de la tour monnaidière ; la deuxième à Beauduc située à deux lieues à l’ouest de Faraman ; la troisième à Tampan et la quatrième sur le clocher de l’église de la commune de la mer.

Vu aussi le rapport du citoyen Mauche lieutenant du port de la commune d’Arles fait du reste de la commission de la municipalité de ladite commune sur la nécessité de l’établissement daté du 29 florial et la fin un état par aperçu de frais de l’établissement qui s’élevoient à quatre mille trois cent livres.

Considérant combien il importe que dans un moment ou la République est en guerre sur la méditerranée, la communication des signaux seroit rendue complète arréte ce qui suit.

Les commissaires des vigies des signaux du département des Bouches du Rhône sont autorisés à faire l’établissement de quatre nouvelles vigies pour rendre parfaite la communication de celle du département des Bouches du Rhône avec celle du département du Gard.

La première de ses vigies sera établie aux salins de Faraman, la 2 eme à Bauduc, la troisième à Tanpan et la 4 eme sur le clocher qui existe dans la commune de la mer.

Le citoyen Mauche lieutenant du port d’Arles à raison de ses connoissances locales est adjoint aux commissaires des vigies pour faire accélérer et perfectionner l’établissement ci-dessus autorisé. Les sommes nécessaires ç cet établissement seront prises par les commissaires des vigies sur la caisse du receveur du district d’Arles et la charge de rendre compte de l’emploi.

Fait à Avignon le premier prairial l’an 2 de la République françoise une et indivisible.

Signé Maguier

(« …l’Angleterre s’étant emparée de la Corse d’un bien plus grand intérêt pour elle, un rapport de 1794 transmis au comité de salut public et vraisemblablement émané de Cacault sur la nécessité de s’emparer de la République de Gènes concluait : « Il ne suffira pas de ces mesures pour conserver notre commerce du Levant ; nous perdons ce commerce si Malte est cédée au anglais, et c’est ce dont il est très sérieusement question. »

Portion d’histoire de la Corse

Lors du début de la Révolution française, la Corse n’est devenue française que depuis deux décennies. Le leader corse Pascal Paoli, qui s’était exilé sous la monarchie de Louis XV après la défaite de Ponte-Novo (1769), était devenu une idole de la liberté et de la démocratie, et en 1789, il est invité à Paris par la nouvelle Assemblée constituante devant laquelle il est célébré comme un héros. Il est ensuite envoyé en Corse avec le grade de lieutenant-général.

Cependant, Paoli finit par se séparer du mouvement révolutionnaire sur la question de l’Exécution de Louis XVI et se rapprocha du parti royaliste. Accusé de trahison par la Convention nationale, il convoqua en 1793 une « consulta » à Corte, avec lui-même comme président, assemblée au cours de laquelle la sécession formelle de la Corse de la France fut déclarée. Il demanda la protection du gouvernement britannique, alors en guerre contre la France révolutionnaire, et suggéra le Royaume d’Irlande comme un modèle pour un royaume autonome corse sous le monarque britannique. Pour la Royaume-Uni, c’est l’occasion de sécuriser une base en Méditerranée.

En 1794, les Anglais envoie une flotte en Corse commandée par l’amiral Samuel Hood. C’est durant le combat pour prendre Calvi que le capitaine Horatio Nelson perdit l’usage de son œil droit. Pour une courte période, la Corse fut ajoutée aux dominions du roi George III, principalement grâce aux actions de la flotte de Hood et la coopération de Paoli.

La constitution corse est démocratique, avec un vice-roi (Gilbert Elliot-Murray-Kynynmound), représentant le roi britannique, un parlement monocaméral élu et un conseil qui est l’exécutif du royaume avec à sa tête Charles André Pozzo di Borgo comme syndic procureur-général (chef du gouvernement) et plus tard président du Conseil de l’État.

Les relations entre le gouvernement corse et les Britanniques ne furent jamais clairement définies, posant de nombreuses questions sur l’exercice de l’autorité ; en particulier, des tensions surgirent du conflit entre la fidélité de Sir Gilbert à la monarchie britannique et les tendances républicaines de Paoli et le désir de défendre l’autonomie corse. Il y avait aussi une division marquée entre Corte, la capitale traditionnelle et un bastion de l’intérieur de l’île, et Bastia sur la côte, où Sir Gilbert déplaça la capitale au début de 1795, et qui était le centre des royalistes français et corses. Avec l’Espagne rejoignant le camp français, les Britanniques réalisèrent que leur position en Méditerranée était précaire et retirèrent leurs forces de l’île en octobre. La couronne britannique invita Paoli à démissionner et à retourner en exil en Angleterre, le dotant d’une pension, ce qui, faute d’alternative, il fut forcé de faire, quittant l’île avec les Anglais lors de leur retraite. Le 19 octobre 1796, les Français reconquièrent Bastia et la Corse redevint deux départements français (la création des deux départements avait été prise en 1793 mais n’avait pu être appliquée).

La guerre en Méditerranée contre les Anglais à la fin du 18e siècle fait référence à une série de conflits et d’escarmouches qui ont eu lieu dans la région de la Méditerranée entre la Grande-Bretagne et diverses puissances européennes, notamment la France et l’Espagne, à la fin du 18e siècle. Ces conflits font généralement partie des guerres napoléoniennes, une série de guerres qui ont secoué l’Europe de la fin des années 1790 jusqu’au début des années 1810.

Voici quelques éléments clés concernant la guerre en Méditerranée à cette époque :

Contexte historique : Les guerres napoléoniennes ont été déclenchées en grande partie par l’ascension de Napoléon Bonaparte en France et ses ambitions d’hégémonie en Europe. La Grande-Bretagne était l’un des principaux opposants à Napoléon et s’est retrouvée en guerre avec la France et ses alliés, ce qui a eu des répercussions dans la région méditerranéenne.

Batailles navales : La guerre en Méditerranée a vu plusieurs batailles navales majeures entre les flottes britanniques et françaises. L’une des batailles les plus célèbres est la bataille d’Aboukir en 1798, où l’amiral britannique Horatio Nelson a remporté une victoire décisive sur la flotte française dirigée par l’amiral Brueys. Cette bataille a considérablement affaibli la position française en Méditerranée.

Blocus et contrôle des ports : Les Britanniques ont imposé un blocus sur les ports français en Méditerranée pour entraver leurs mouvements maritimes et perturber leur commerce. Cela a eu un impact significatif sur l’économie de la France et de ses alliés.

Alliances changeantes : Les alliances dans la région de la Méditerranée ont souvent changé au cours de ces conflits. Par exemple, l’Espagne a été initialement neutre, mais elle a ensuite rejoint la France contre la Grande-Bretagne. De même, certaines puissances méditerranéennes, comme le royaume de Naples, ont changé d’allégeance en fonction de leurs intérêts.

Conséquences : Les guerres napoléoniennes en Méditerranée ont eu un impact considérable sur la région. Elles ont contribué à la redéfinition des frontières et à l’évolution des alliances en Europe. La Grande-Bretagne a renforcé sa position de puissance navale prééminente dans la région, ce qui a eu des conséquences durables pour son empire colonial.

En résumé, la guerre en Méditerranée contre les Anglais à la fin du 18e siècle était une partie intégrante des guerres napoléoniennes qui ont secoué l’Europe à cette époque. Elle a été marquée par des batailles navales importantes et des changements d’alliances, et elle a eu un impact significatif sur la géopolitique de la région méditerranéenne.

Source : Archives communales d’Arles, Bouvine et Traditions.

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